Je m’appelle Yvon. J’ai eu une vie sans histoire, mais avec une activité professionnelle intense. Je partais régulièrement en tournée, durant la semaine. Ma compagne, Ysore, attendait un garçon et j’étais très heureux à l’idée d’être père avec plein de projets à vivre.
Tsunami ! En rentrant de tournée, un vendredi soir, je trouvais notre maison chamboulée. Une partie des meubles avait disparu. Seul un mot sur la table m’annonçait qu’Ysore avait pris la décision de me quitter, qu’elle allait faire une IVG à l’étranger et partir vivre avec celui que je considérais alors comme mon meilleur ami.
Pour moi s’ensuivit alors une dégringolade, désespoir, déprime, accident de boulot, colère impuissante : Comment avait-elle eu le droit de me priver de mon fils ! Plus aucun contact.
Un beau jour, lors de mes errances, je rencontre une dame à qui, je ne sais pourquoi, je raconte mon histoire. Elle m’écoute et me donne un petit carton avec le numéro d’une association susceptible de me venir en aide. Je n’étais pas trop catholique, pas vraiment opposé, mais ce n’était pas mon “truc”. En fait, je n’y avais jamais pensé.
Sans trop y croire, j’ai composé ce numéro et suite à un entretien que je garde en mémoire, un peu sur un coup de tête, je me suis inscrit à ce qu’il est appelé une « Stabat ». Je ne reviens toujours pas de cette décision…
Là-bas, j’ai été saisi par plusieurs choses : D’abord le silence, puis l’écoute individuelle. Chaque personne avait un accompagnateur perso très à l’écoute, rempli de compassion et sans aucun jugement. « – Laisse-toi aller au fil de cette retraite, j’ai confiance dans ce truc génial » Je l’ai suivi. Je pouvais tout lui dire. Rencontres deux fois par jour.
Et, des temps de conférences sur des thèmes qui ne m’étaient pas familiers mais qui me rejoignaient : les émotions, la miséricorde, les blessures… Un matin il m’a proposé de passer ma colère sur de la vaisselle à casser. J’ai dit d’abord non poliment, puis j’ai dit oui et j’ai vraiment entamé le stock. Ça fait du bien !
J’ai aussi découvert un Dieu présent, là à côté et qui m’aimait, moi, Yvon. Un regard sur des réalités qui m’étaient, avant cela, étrangères. Et puis savoir mon fils vivant dans la clairvoyance de Dieu. Oui, j’ai fait une belle retraite, j’ai pu librement, sans pression, demander et recevoir le pardon de Dieu.
En fin de retraite, avant mon départ, j’ai fait une demande pour déposer une plaque, scellée sur le mur de la grotte de la Sainte Baume avec le prénom de mon garçon gravé. J’ai eu le sentiment de laisser une borne sur la pierre et dans ma vie. Il y a eu un avant puis un après.
Est-ce que cette retraite m’a guéri ?
Je ne dirais pas cela comme ça, mais je dirais qu’avec l’aide de l’Amour de Dieu, je me suis retrouvé avec tous les éléments pour me trouver sur un chemin de guérison sur lequel je progresse calmement de jour en jour avec Dieu que j’ai rencontré et à qui je parle tout en me rappelant à mon fils que je pourrais un jour serrer dans mes bras.
Merci aux bénévoles de Mère de Miséricorde.
Yvon.
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Mère de Miséricorde organise des sessions, d’une durée de cinq jours, s’adressant à tous, femmes, hommes, couples ayant perdu un enfant avant la naissance (avortement, IMG, fausse couche etc.). Elles permettent d’exprimer la souffrance liée à ces blessures et de retrouver un chemin d’espérance.
Pour participer à l’une de ces sessions,
envoyez un mail à sessionstabat@meredemisericorde.org ou
téléphonez à Magali et son équipe au 06 77 20 55 72. Elles attendent votre appel !